Le jardin créole s'inscrit dans le prolongement d'une longue tradition de jardin depuis l'époque des kalinagos.
En effet non loin du
village amérindien, dans un clairière, les kalinago entretenaient un jardin dans lequel ils cultivaient de nombreuses plantes qui assuraient leur survie : manioc doux (kanmanyok en créole) et amer, giraumon, patate douce, chou caraïbe ou malanga et des fruits......
On y retrouvait aussi des plantes médicinales (ayapana), ainsi que des plantes utilisées dans le domaine technologique (le coton, le cachibou, le calebassier...)
Au temps de l'esclavage, le maître, pour contourner son obligation de nourrir ses esclaves (comme le stipulait le code noir de 1685), leur attribuait sur l'habitation un lopin de terre qu'ils devaient cultiver pour assurer leur auto-alimentation. Ainsi sont nés les jardins des esclaves. Ces derniers pouvaient vendre leur surplus au marché. Cela leur permettait de constituer un pécule. Ainsi les femmes pouvaient acheter des bijoux ou des toiles pour confectionner de belles toilettes. Cet argent a aussi permis à de nombreux noirs d'acheter des terres après l'abolition de l'esclavage (cas dans la campagne du Carbet, commune du nord de la Martinique). Hors habitation n'oublions pas le jardin des marrons qui assurait leur survie.
Après l'abolition, les jardins, que nous appelons aujourd'hui jardins créoles, ont fait leur apparition et se sont développés aussi bien sur les habitations et hors des habitations sur des terrains laissés libres par les colons (souvent des terrains pentus, des mornes difficiles d'accès), puis progressivement non loin des maisons dans toutes les campagnes.
l'important est de constater que le jardin a joué un rôle très important pour les socialités paysannes depuis l'époque des kalinagos.
Le jardin créole est donc le résultat du mélange du jardin amérindien (ichali), du potager des européens, et du jardin des africains : véritable paradigme de créolisation.
On y trouve une grande variété de plantes déjà présentes du temps des amérindiens ou apportées avec la colonisation par les européens ou les africains et même les indiens.......
Nous pouvons donc dire aujourd'hui que le jardin créole est une réserve de la
biodiversité, élément essentiel pour l'agriculture durable.